4 - Les enjeux des mutations

Un panorama de ces enjeux...

                                                                                                                                         Article écrit en septembre 2021
Qu’est ce qui est en jeu aujourd’hui ?
Ce tour de France est pour moi l’occasion de creuser la question des enjeux spirituels des mutations actuelles à travers des échanges avec des personnes de tous horizons. Dans cet article je fais un inventaire non exhaustif de ces mutations, et de leurs enjeux, pour ceux qui cherchent à mieux comprendre ce qui est mis derrière ces mots.
Mais de mon point de vue, en amont de tous ces enjeux décrits ci-après, ce qui se joue est une crise spirituelle, au sens large du mot. Une crise de l'Homme qui s'est coupé de sa nature divine, avec toutes les conséquences que l'on connait. Voir l'article l-une-des-plus-grandes-mutations-de-toute-l-histoire-de-l-humanite
 
La caractéristique de ces enjeux, c’est qu’ils sont planétaires, c’est-à-dire qu’ils impactent toute l’humanité et toute la création.
 
L’effondrement des identifications aux appartenances collectives, appartenances religieuse, nationale, familiale, patriarcale, politique…. Cet effondrement est de mon point de vue une chance, car il nous oblige à nous libérer des conditionnements collectifs dont nous héritons. Mais la tentation de recréer des appartenances collectives claniques et clivantes peut être dangereuse. Nous avons besoin de vivre ce sentiment d’appartenance à un groupe, grâce à un récit commun, car cela nous rassure. D’où tous les récits communautaires qui émergent : des récits complotistes extrêmes, des durcissements intégristes religieux, le récit transhumaniste, etc. Comment inventer un récit collectif qui intègre toute l’humanité ?
 
Autre enjeu, et non des moindres, dans le prolongement du point précédent : repenser l’articulation entre religion et spiritualité. L’identification de ces deux dimensions l’une à l’autre, ce qui est le cas historiquement, nous conduit dans une impasse, car la spiritualité est par essence universelle, alors que la religion propose un chemin d’accès ou de déploiement de cette dimension spirituelle, qui est par définition non universel dans son organisation, sa pratique, ses croyances. Un développement plus détaillé de ce point précis fait l'objet d'un autre article.   
 
Le transhumanisme, qui est cette tentation de l’homme tout-puissant, coupé de sa nature divine. Probablement l’un des enjeux majeurs qui se joue actuellement.     
 
L’enjeu écologique, climatique. C’est le plus criant, le plus évident aujourd’hui, car nous savons l’irréversibilité des conséquences du réchauffement climatique. Et ce qui va avec, la raréfaction des ressources naturelles, dont le pétrole mais aussi les métaux rares nécessaires au fonctionnement de nos téléphones, ordinateurs, tableaux de bord…
Or la production des énergies fossiles continue d'augmenter, pour au moins trois raisons : la démographie croissante - la croissance économique des pays émergents - l'aspiration des populations à accéder au mode de vie occidental.
L'enjeu de la biodiversité est un corollaire de cet enjeu écologique. Nous vivons une sixième extinction de masse de la biodiversité, avec les conséquences au niveau de l'approvisionnement, des régulations (du climat, de l'eau, des virus...), de la photosynthèse, des formation des sols, etc. De nombreuses espèces animales et végétales sont menacées.

L’enjeu migratoire. Plus il y aura de régions du monde impactées par cette irréversibilité climatique, avec les conséquences que l’on connait, à savoir la hausse des températures, la montée des eaux, les phénomènes météorologiques exceptionnels…, plus il y aura de réfugiés climatiques, avec toutes les conséquences politiques que l’on devine : fermeture des frontières, tensions internationales, montée des extrémismes…

Le consumérisme, lié à l’individualisme, proposé comme seul modèle de croissance. « Je consomme donc je suis », « J’ai donc je suis ». Or cela nous conduit écologiquement dans le mur. En effet pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’offre en terme de ressources est inférieure à la demande de consommation, compte tenue de la démographie galopante. Il nous faut inventer d'autres critères de référence que celui du PIB. En lien avec une qualité d'être et une manière de vivre le bonheur autrement qu'en accumulant des biens de consommation.  

La santé devient également un enjeu majeur, les énergies polluantes, la malnutrition et la baisse de la biodiversité provoquant de nouvelles maladies, de nouvelles pandémies.  

Les enjeux alimentaires sont également colossaux : l'agriculture intensive qui utilise des énergies fossiles et de l'eau à outrance - des populations subissant de la sur-alimentation, d'autres une sous-alimentation - les dépendances par rapport aux cours financiers des céréales, du maïs, du riz, du soja... en fonction des dérèglements climatiques par exemple... En 2010, la distance parcourue par un produit alimentaire entre son lieu de production et le consommateur se situe entre 2400 et 4800 kms.    

L'eau devient également un enjeu majeur. La montée des océans entraine une salinisation des nappes phréatiques, l'inondation de grands deltas. La fonte des glaciers va entrainer la désertification de certaines régions. On estime que 40% des habitants de notre planète seront en manque d'eau en 2030. Sans compter les enjeux économiques de multinationales qui s'accaparent cette denrée rare.

Les enjeux démographiques et les inégalités. D'ici 2050 la population pourrait passer de 7,7 à 9,7 milliards d'habitants. D'autre part les 26 personnes les plus riches de la planète ont autant d'argent que les 4 milliards les plus pauvres. Et si tous les habitants de la planète consommaient chacun comme un américain du nord, il faudrait plus de 5 planètes. Presque 3 planètes si on consommait comme un européen.

La place des réseaux sociaux et de certains médias qui peuvent créer dans le temps, s’ils sont utilisés à outrance, des formatages de tout genre, nous coupant de l’essence de notre être. Et nous coupant aussi de la perception de ce qu’est la réalité. « La surinformation, la réputation en ligne, la traçabilité, la surveillance, l’addiction : autant de questions qui deviennent peu à peu centrales » (Marc Tirel).

La place des lobbies financiers, et les conséquences en terme de manipulation des masses, entre autres à travers le contrôle des médias. Au-delà de cela, l’interdépendance financière de tous les pays peut entrainer une crise économique majeure, si un pan financier s’écroule. Enfin les inégalités croissantes entre les plus riches et les plus pauvres deviennent plus qu’indécentes.
 
Voici aussi un lien de 50 minutes de Marc Halévy qui fait assez bien, me semble-t-il, une synthèse de la question : https://www.youtube.com/watch?v=YcNSk70O2Jg

Pour creuser cette question, je conseille le livre très bien documenté de William Clapier : Effondrements ou révolution ? Un appel au sursaut spirituel.

Toutes vos remarques et réflexions pour compléter ces enjeux sont bienvenues.