ferme de la goursaline

Un lieu exceptionnel...

                                                                                                                                                  Article écrit en juillet 2025

Je visite la ferme de la Goursaline. Je suis impressionné par ce que Olivia et David ont réalisé dans ce lieu, afin de trouver une harmonie sur plein de plans : l'écologie, l'intelligence collective qui règne entre les mondes minéral, végétal, animal et humain. Et au-delà des réussites techniques, le sentiment très profond que la quête de sens et la quête spirituelle, très ouverte, qui anime ce couple se traduit par une harmonie très belle et profonde de tout le lieu. 
Voici comment David partage leur histoire : 

"Olivia et moi nous sommes rencontrés en 2016, et menions chacun à ce moment-là nos carrières en Suisse, respectivement dans la cosmétique de luxe et la banque privée. Au moment de notre rencontre chacun de nous ressentait un besoin de découvrir autre chose, comme si dans nos métiers nous avions fait le tour de la question, et le monde professionnel peinait à tenir ses promesses. Bien sûr il nous a amené un certain confort, et nous a permis de nous former, d'acquérir une certaine expérience, une méthodologie de la structure, et la notion de performance, qui lorsqu'elle est utilisée à bon escient n'est pas nécessairement un gros mot. Mais à ce moment-là, nous n'avions aucune idée de la direction que nous souhaitions emprunter.

En réalité il y a tout un monde, dont nous ignorions tout, qui existait. Une autre façon d'apprivoiser le monde et qui était très éloigné de notre mode de vie, de nos habitudes de consommation, etc. Je n'avais sincèrement pas conscience que de manger des tomates à Noël était de l'ordre du non-sens, pourtant comme beaucoup de gens j'avais compris que le monde n'était pas au mieux de sa forme et que ça n'allait pas aller en s'arrangeant. 

Très peu de temps après notre première rencontre, nous nous sommes rendu au cinéma pour aller voir un film. Un film documentaire, sans savoir trop ce que nous allions voir. Olivia en avait entendu beaucoup de bien, il s'agissait du film de Cyril Dion, "Demain". Ce film m'a bouleversé au point de faire monter des larmes à mes yeux et en sortant, j'ai dit à Olivia que j'allais démissionner et partir en Haïti pour faire de la permaculture, car en effet dans ce film on évoque la permaculture. Et cette présentation, même si elle est assez petite, m'a immédiatement séduite, non pas parce que j'étais un amoureux des travaux manuels ou du jardinage, mais par la profondeur éthique qui était associée à cette démarche. Et Haïti parce que cela faisait presque dix ans que je m'étais investi dans un projet humanitaire là-bas, où nous apportions majoritairement de l'aide d'urgence. Et j'étais frustré de ne pas pouvoir apporter quelque chose de plus profond, durable et permanent. 

Ce bouleversement, je l'appelle ma conversion écologique, car c'était la première fois que je décidais que je ne voulais plus vivre comme je vivais jusqu'à présent, ni consommer n'importe comment. Cela a généré beaucoup de discussions avec Olivia. Et dans la semaine qui a suivi ma décision de quitter mon emploi pour partir en Haïti, elle m'a déclaré vouloir me suivre. Au début j'ai cru à une blague et puis j'ai compris qu'elle était sérieuse. Le lendemain, nous nous sommes inscrits à une formation de permaculture à la Ferme de la Goursaline dans le but de se former. Nous nous sommes donné 2 ans pour acquérir des compétences et commencer à pratiquer. En avril 2017 a commencé notre formation avec Benjamin Broustey : une formation intensive de 2 semaines, en immersion, sur une ferme expérimentale en permaculture. Par la suite nous avons suivi d'autres formations, cultivé des légumes et pratiqué le design de permaculture. En parallèle nous préparions notre projet en Haïti, puis, l'un après l'autre nous avons vécu un burnout. Avec du recul je pense que notre nouvelle vie entrait frontalement en conflit avec notre ancienne vie et le corps a lâché. Durant cette période de burnout, en 2018, j'ai vécu ce que j'appelle cette fois-ci une conversion spirituelle tout seul chez moi et ce détail aura pour moi une certaine importance. Quelques mois après nous partions en Haïti. Le projet sur place a malheureusement dû prendre fin suite à des menaces que nous avons reçues. Il faut dire que nous sommes arrivés à une période très compliquée, avec beaucoup de tensions et de violence. En 2019 nous sommes donc rentrés en Suisse, après avoir tout quitté, nous nous retrouvions sans domicile, avec juste quelques vêtements. Nous avons eu la chance d'être accueilli par des gens qui nous ont mis à disposition un petit appartement dans un vieux corps de ferme. Pendant ces quelques mois, il a fallu digérer ce qui s'était passé. Mais il y avait aussi cette question de l'après car il était évident, après les burnout que nous avions vécu, que nous ne souhaitions absolument pas retourner dans le monde du travail au sens où on l'entend habituellement. Dans ma tête la Ferme de la Goursaline revenait à plusieurs reprises car je savais que Benjamin l'avait mise en vente en 2018 peu de temps avant notre départ pour Haïti : je l'ai donc contacté et il nous a proposé d'y venir et que si ça nous plaisait nous pourrions acheter. Cela faisait 2 ans que la ferme était abandonnée et l'aventure a commencé de cette façon. 

Notre projet était de créer une petite ferme la plus autonome possible, qui puisse nous permettre de subvenir à nos besoins, sensibiliser, et accueillir du public. Pour nous il y avait deux temporalités importantes. Celle d'aujourd'hui, un monde qui fonctionne et dans lequel il faut bien vivre, et puis un avenir qui s'annonce troublé. Les scientifiques parlent parfois d'effondrement et nous pensons que c'est un scénario plus que probable auquel il faut un minimum se préparer. Ainsi nous sommes autonomes en fruits, légumes, œufs, viande, eau, bois, fertilité, et avons désormais 6 gîtes écologiques et atypiques. Nous élevons des volailles, des brebis et des cochons. Nous avons un verger qui pousse avec une centaine d'arbres fruitiers, 300 petits fruits, un grand jardin et une serre horticole. La dimension d'accueil pour nous est proche d'une dimension spirituelle. Nous souhaitons accueillir nos visiteurs au mieux, leur offrant du repos mais également en leur permettant d'être dans un endroit authentique sans distraction. Pour nous, notre rapport au monde, à la spiritualité est intrinsèquement lié à notre rapport à la nature et en tant que chrétiens, il est impensable de négliger ce que nous considérons être la création de Dieu. S'il l'a créée, il l'aime et souhaite qu'on en prenne soin. C'est ce que nous nous efforçons de faire et la nature, ainsi que les gens qui nous visitent, sont tous dans cette même dynamique. Chaque année, nous accueillons entre 300 et 500 personnes avec qui nous avons bien souvent le temps de beaucoup échanger sur des questions environnementales, d'autonomie, ou même de spiritualité. 

Nous organisons des formations pour les gens qui souhaitent devenir autonomes, des retraites pour les gens qui ont besoin de se ressourcer, et nos gîtes sont ouverts tout au long de l'année. 

Toutes les informations concernant le projet, le mode de réservation, les formations, les retraites se trouvent ici: https://www.fermedelagoursaline.fr/ Nous sommes également présents sur les réseaux sociaux.

Au plaisir de vous rencontrer et d'échanger !"